Les Allumés de la pleine nuit 2017

En 2017, la randonnée nocturne “Les Allumés de la Pleine Lune” s’est déroulée la nuit du 13 au 14 mai avec un départ/arrivée à Saint Cézaire-sur-Siagne à côté du stade municipal.

J’arrive en voiture vers 20h30 pour retirer mes goodies et mon dossard, je me confronte déjà au premier problème de la soirée : réussir à se garer. Je ne le sais pas encore mais plus de 2200 personnes sont venues participer à la randonnée alors que le village ne compte que 4000 âmes. Des gens sont venus de tout le quart Sud-Est pour l’occasion. Je tourne un moment mais finis par trouver une place de parking dans un des nombreux champs réquisitionnés par la police municipale. Je commence par me changer et hésite à prendre ma veste technique imperméable en plus de mon legging long et ma veste thermique légère (non imperméable). Finalement je ne prends qu’une casquette s’il pleut (à ce moment, saint Cézaire est sous une petite masse nuageuse et l’on ne sait pas s’il va pleuvoir). Il fait 18°C.

Arrivé au stand où se fait la validation des inscriptions, l’organisation me fournit un protège sac (pour la pluie) couleur DDE jaune avec des bandes réfléchissantes blanches, un plan de la course, et un petit macaron en papier en forme de losange : c’est mon “dossard”. Au centre de ce losange est écrit mon numéro (le 798), je l'attache avec une ficelle par l’angle supérieur du losange sur mon sac. Les trois autres angles constituent des parties colorées à faire découper par l'organisation aux différents points de contrôle/ravitaillement de la randonnée : Saint Vallier, Escragnolles, et Mons. Puis, comme tout ce monde amassé près des terrains de foot municipaux, j’attends le départ et la nuit à 22h. Il y a un concert organisé par la municipalité. L'ambiance est sympa même si l’un des chanteurs des groupes qui se produisent chante vraiment faux (c’est un peu la honte).

Je le rappelle, cette manifestation est une randonnée nocturne, pas une course chronométrée. Le circuit est en fait une boucle partant et arrivant à Saint Cézaire. Cette boucle fait 51,9 Km et 1517m de D+. Une première partie - plutôt réservée aux familles - s'arrête au bout de 12Km au niveau du premier point de contrôle à Saint Vallier.  La seconde partie plus montante et technique va jusqu’au village d’Escragnolles et fait 22,2Km. La troisième partie nous amène à Mons au kilomètre 32,8. Enfin la quatrième partie nous ramène à Saint Cézaire. Cette dernière s’adresse vraiment aux “Allumés” car elle est dure, technique et il reste une vingtaine de kilomètres à faire après plus de 30 bornes. Beaucoup de personnes abandonnent à la fin de chaque partie. Un service de rapatriement en bus jusqu’à Saint Cézaire est organisé par l’organisation.

Vers 21h45, les participants commencent à s'amasser autour de l’arche de départ. Nous sommes plus de 2200 participants. Il y a foule : beaucoup de familles avec enfants, des groupes de jeunes déguisés, la plupart des personnes avec des systèmes d’éclairage portatifs (lampes de poche, frontales, fibres optiques, ballons lumineux, tubes fluorescents...). Au milieu de ce monde, peu de personnes équipées en mode course à pied / trail : on les retrouvera plus tard lorsque tous les randonneurs classiques et les familles seront loin derrière ou auront abandonnés.

22h00, le départ est donné. Un énorme cortège se met en branle. Il est si dense que moi, resté en retrait derrière, parvient à passer l’arche seulement quelques minutes plus tard. Pendant les 5 premiers kilomètres, je ne parviens pas à courir. Je me contente de slalomer entre les participants pour les doubler. C’est sympa mais long. Cela me rappelle les marches aux flambeaux organisés dans certaines fêtes de village. Vers le huitième kilomètre, un épais brouillard apparaît, les faisceaux lumineux des frontales nous aveuglent autant qu’ils nous éclairent. La piste entre le départ et le village de Saint Vallier est essentiellement une DFCI large en pente montante très douce. Je continue jusqu’au premier point de contrôle en trottinant tranquillement et m’aidant de mes bâtons pour les petites montées (pas très challengeantes). L’objectif pour le moment est de s’économiser au maximum, de ne surtout pas faire d’effort inutile.

23h45, arrivée au premier point de contrôle de Saint Vallier. Là, sous une première tente marabout, l’organisation nous demande si l'on s’arrête ici ou si l’on continue jusqu’à la prochaine étape. Je continue. On me coupe un des angles de mon “dossard” pour attester de mon passage. Ensuite, direction le second marabout juste à côté pour le premier ravitaillement. je prends un peu de charcuterie, de fromage, chocolat noir, abricots secs pour le solide. Et du sirop de menthe pour le liquide. Je refais le plein de réserve d’eau et repars. Il pleut quelques gouttes pendant cinq minutes. Pendant les six prochains kilomètres, nous restons sur une ancienne route goudronnée très peu fréquentée. Il commence à y avoir beaucoup moins de monde et je commence à voir autant de personnes qui randonnent que trottinent en mode trail. Après une descente d’un kilomètre, j’arrive à un second ravitaillement surprise au milieu de nul part. Ce ravito est plutôt frugal. On nous annonce que dans 200m commence la grande montée du parcours : 500m de D+ en 4Km pour arriver à Escragnolles. Cette montée se fait juste après la traversée via un pont d’un des nombreux affluents de la Siagne. La montée se fait par des lacets caillouteux, sans courir et avec une utilisation systématique des bâtons. Les gens qui n’en n’ont pas le regrettent en me voyant les doubler rapidement. Au kilomètre 21, nous passons enfin au dessus des nuages de la vallée et parvenons à voir les étoiles et la lune : il fait beau et la température commence à descendre. 500m avant le second point de contrôle j’arrive sur une corniche offrant une belle vue sur la vallée et le nuage en contre-bas. Je croise une vieille église en taille de pierre. Les jambes commencent à tirer subrepticement. Je suis néanmoins encore bien frais.

1h20, arrivée au second point de contrôle, juste avant Escragnolles, au bout de 22 km et au point culminant du parcours : 1036m. Comme au précédent, je dis aux organisateurs que je continue, ils me coupent le second angle de mon “dossard” et je me dirige vers une énorme tente marabout pour le ravitaillement. Là, c’est le plus copieux ravito : soupe de patates aux croûtons et fromage, sandwich au pâté, et plein d’autres choses. Je m’assoie sur une chaise pendant 2 minutes, le temps de boire ma soupe, puis je repars. Nous ne sommes plus très nombreux quand nous traversons le village d’Escragnolles. Je m’arrête pour mettre ma veste longue car il fait froid et humide, puis repars. Après quelques kilomètres à plat sur une route bitumée, nous prenons un GR qui redescend dans une autre vallée puis remonte puis redescend : il n’y aura plus de plat jusqu’à l’arrivée à Mons. Ce sentier est étroit, accidentée et je retombe dans le brouillard. Il est impossible de courir. Arrivé près d’un hameau, je tombe sur un groupe d’ados dissimulés derrière des rochers qui tentent de faire peur - effet de surprise mais dans la bonne humeur - aux randonneurs qui passent : échec, je les entends discuter avant leur “bhoouuu”. Je continue sur ce sentier qui remonte et devient moins accidenté. Je cherche un lampadaire dans un hameau que nous traversons pour changer les piles de ma frontales (j’y voyais mal depuis quelques kilomètres). C’est reparti. Je continue à doubler des derniers randonneurs isolés et quelques premiers “vrais” traileurs qui courent comme moi. Nous remontons à flanc de montagne via un bois puis des étendues alternant feuillus et champs de pâturage. Il fait de nouveau beau, et cela jusqu’à la fin du parcours. Nous tombons nez-à-nez avec un patou. Il est proche de sa ferme mais sans troupeau. Il est sur notre sentier, nous le contournons sans gestes brusques car il nous aboie dessus puis repartons au pas de course jusqu’à Mons. Je croise enfin une personne qui me double, c’est la première. Jusqu’à présent, c’était moi qui systématiquement doublais les gens. Cette personne, sera le seul autre participant que je côtoierai par moment entre les kilomètres 28 et 42 (et finalement c’est moi qui le distancerai). Au bout de 31km, nous arrivons enfin sur une route de campagne qui nous amène jusqu’au village de Mons qui est très beau, même de nuit. En plus il y a un château (mémo perso : il faudra revenir de jour pour visiter). Je cours en allongeant le pas jusqu’au dernier point de contrôle de l’autre côté du village, dans une salle municipale, au chaud.

3h00, arrivée au troisième et dernier point de contrôle du circuit. Je donne mon dernier angle détachable de mon “dossard” et dis que je continue. Je mange, bois, bref reprends des forces et discute avec les organisateurs et la dizaine de participants présents. La moitié d’entre-eux s’arrête ici car trop épuisée. Je demande à l’organisateur mon “classement”. Il me répond que je suis environ 80ème. Je suis agréablement surpris car je n’étais pas là pour faire un temps. C’est ma première course/rando/trail de plus de 30 bornes et pensais vraiment souffrir des jambes après déjà 33,8Km. Je repars dans la nuit et le froid. La suite de la rando se fait par une descente au début très accidentée sur la face Sud du village perché de Mons. Nous ne sommes vraiment plus très nombreux et jusqu’à la fin, je doublerai et me ferai doublé par moins d’une quinzaine de personnes que je retrouverai parfois aux derniers points de ravitaillement. Arrivé au kilomètre 40, je commence à avoir mal aux jambes et décide d’alterner entre course à pied et marche sportive jusqu’au prochain point de ravitaillement au Jas Neuf à 43km du départ. Ces 3 kilomètres qui restent à faire me paraissent interminable. Je tombe enfin sur un couple de bénévole qui ont dressés un petit banquet sur une table de camping devant leur petit camion au milieu de nul part. Avec 4 autres traileurs, nous prenons notre cinquième collation dans la bonne humeur même si la fatigue commence à se lire sur nos visages. C’est reparti pour les 8,4 derniers kilomètres, les plus longs. Je serre les dents, me fais doubler par une dizaine de coureurs (il n’y a plus de marcheurs depuis plusieurs dizaines de bornes maintenant) ce qui fait toujours mal au moral. Mais quand on a plus de jus, beh on a plus de jus quoi :-). Il est maintenant 5h20 et le ciel passe de nuit noire à bleu sombre. Au kilomètre 48, j’arrive au dernier point de ravitaillement près une citerne, c’est très frugale. Il reste 4,4Km et j’arrête et range ma frontale car il fait suffisamment jour même si le soleil ne perce pas encore. Je puise des forces qui m’étaient jusqu'alors inconnues et retrouve du jus pour courir encore 2km dans une descente accidentée qui m’amène au point bas du circuit. Je me fais doubler une dernière fois par un jeune d’une vingtaine d’année. J’arrive sur un pont de pierre au dessus d’une rivière et entame les derniers 2,4 derniers kilomètres jusqu’à l’arrivée à Saint Cézaire. ça monte dure, alors on pose le cerveau et on force sur les bâtons : ça fait huite heures que je suis parti et j’ai déjà avalé 50km (un record pour moi).

6h30, arrivée au point de départ après une montée éprouvante et une traversée silencieuse du village de Saint Cézaire. J’arrive au stand où j’avais retiré mon dossard la veille au soir et suis accueilli par deux bénévoles. Ces derniers m’offrent le petit déjeuner et me signalent que je suis le 74ème participant à terminer. Je m’assoie sur une chaise et discute avec une huitaine de traileurs arrivés avant moi. Il fait beau mais froid (8°C). Ce sont plutôt des quadragénaires mâles qui semblent habitués à ce type de performance (anciens militaires, pompiers, etc.) et deux femmes taillées pour le trail qui m’avaient dépassées au kilomètre 43. Je suis content d’être arrivé. Le soleil passe enfin au dessus la colline et nous illumine. J’ai terminé la course randonnée en 8h30. Direction la voiture et retour sur Antibes.

C’était une belle randonnée nocturne. Je pense la refaire dans les années à venir, mais si je suis seul, je m'arrêterai à Mons car la fin est vraiment cassante et l’ambition de “finir” assouvie.

Métriques : 51Km / 1645m / 8h15

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